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Consulting Group

Cybersécurité • Gouvernance IT

Menaces cyber en Afrique centrale : tendances 2024–2025

Par Arnaud GODET, Managing Partner – AGCG Genuine Consulting Group
et Basilide MITOULOU, Partner SecOps & Afrique – AGCG Genuine Consulting Group

Note de veille AGCG – Analyse régionale basée sur des sources internationales (INTERPOL, Group-IB, Kaspersky, MITRE, UNDP).

Notes de veille & Insights

Thématique : Géopolitique cyber, menaces régionales, Afrique centrale
Cabinet : AGCG Genuine Consulting Group

⏱ Temps de lecture : ~9 minutes
Public cible : COMEX, DSI, RSSI, décideurs publics, SecOps

Chiffres clés

+70%
hausse des attaques
de ransomware (MEA)
Group-IB
Top 10
Le Cameroun figure dans
le top des menaces locales
Kaspersky

L’Afrique centrale fait face à une intensification simultanée des attaques opportunistes (phishing, spyware, ransomware) et des opérations plus sophistiquées ciblant ses infrastructures critiques (énergie, télécom, administrations).

Le contexte régional — fragmentation des SI, dépendance au mobile money, capacités institutionnelles limitées — en fait une cible privilégiée pour des acteurs cybercriminels et des groupes APT.

Introduction : une région sous tension cyber croissante

Le rapport Africa Cyberthreat Assessment Report 2025 d’INTERPOL met en évidence une accélération notable des cybermenaces en Afrique. L’Afrique centrale — Cameroun, Gabon, Congo, RDC, Tchad, RCA, Guinée équatoriale — concentre une combinaison rare d’exposition élevée et de capacités limitées.

Digitalisation rapide, infrastructures critiques vulnérables, dépendance au mobile money, faible maturité SecOps : autant de facteurs qui amplifient les opportunités pour les cybercriminels et les groupes APT.

1. Une montée marquée des attaques ransomware & extorsion

Les analyses de Group-IB et Mandiant montrent une hausse significative des attaques ransomware dans la région MEA (+60 à +70 %).

Les secteurs les plus ciblés en Afrique centrale :

  • Banques & institutions financières
  • Opérateurs télécom
  • Énergie & infrastructures critiques
  • Administrations publiques

Le manque de capacités de réponse à incident augmente les durées de remise en service, renforçant l’impact économique et opérationnel.

2. Escroqueries, BEC & sextorsion : la face visible du cybercrime

Les opérations d’INTERPOL, dont Operation Serengeti, révèlent l’importance croissante des arnaques numériques : BEC, fraudes financières, sextorsion, phishing ciblant le mobile money.

Les patterns les plus répandus :

  • Détournement de paiements via compromission de boîtes e-mail
  • Phishing et smishing bancaires massifs
  • Sextorsion visant particuliers & dirigeants

L’absence d’authentification forte et la faible sensibilisation régionale contribuent à l’expansion rapide de ces attaques.

3. Attaques web, spyware & phishing : une hausse continue

Les rapports Kaspersky Cyberthreat Landscape montrent une hausse continue des attaques web : phishing, spyware, trojans bancaires, infostealers ciblant les entreprises.

  • Menaces locales élevées (Cameroun dans le top continental)
  • Spyware et infostealers en forte progression
  • Parc Windows hétérogène et rarement patché

Pour les organisations : déployer des solutions EDR/XDR adaptées aux contraintes locales et renforcer l’hygiène numérique devient impératif.

4. APT, espionnage & souveraineté numérique : un enjeu sous-estimé

Plusieurs analyses (Group-IB, MITRE ATT&CK) observent une intensification des opérations d’espionnage et des attaques avancées (APT) ciblant les infrastructures critiques de l’Afrique centrale : énergie, télécom, institutions publiques.

Ces opérations, moins visibles que le ransomware, représentent pourtant un risque stratégique : stabilité politique, continuité des services publics, souveraineté numérique.

5. Facteurs structurels de vulnérabilité régionale

  • Capacités institutionnelles limitées (CERT, lois cyber, compétences)
  • Écosystèmes IT fragmentés & peu gouvernés
  • Parc technologique hétérogène & rarement mis à jour
  • Dépendance au mobile money et services non sécurisés
  • Faible formation des dirigeants aux risques cyber

Ces facteurs créent un terrain très favorable aux acteurs malveillants, du cybercrime opportuniste aux APT internationaux.

« L’Afrique centrale est l’une des régions où le différentiel entre exposition cyber et capacités de défense est le plus élevé au monde. »

— AGCG Genuine Consulting Group

Conclusion : un impératif stratégique pour la région

Les cybermenaces en Afrique centrale connaissent une accélération rapide, nourrie par la combinaison d’une digitalisation intense, de capacités institutionnelles limitées et d’écosystèmes IT fragmentés.

Pour les organisations publiques et privées de la région, la priorité est de construire des capacités SecOps adaptées, de renforcer la sécurité des identités & de la messagerie, et d’investir massivement dans la sensibilisation.

La maîtrise cyber n’est pas seulement un enjeu technique — c’est un pilier de stabilité, de souveraineté et de développement économique pour l’Afrique centrale.

Sources & références

  • INTERPOL – Africa Cyberthreat Assessment (Voir)
  • Group-IB – Hi-Tech Crime Trends (Voir)
  • Kaspersky – Africa Cyberthreat Landscape (Voir)
  • MITRE ATT&CK Framework (Voir)
  • UNDP – Cybersecurity Africa Program (Voir)