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Cybersécurité • Gouvernance IT

Repenser le rôle du SOC Manager : une fonction critique, en pleine mutation

Par Arnaud GODET, Managing Partner – AGCG Genuine Consulting Group

Tribune AGCG Genuine Consulting Group – transformation du rôle de SOC Manager, entre résilience opérationnelle, leadership cyber et pilotage stratégique du risque.

Articles & tribunes

Thématique : SecOps, rôle du SOC Manager & gouvernance des opérations de sécurité
Cabinet : AGCG Genuine Consulting Group

⏱ Temps de lecture : ~7 minutes
Public cible : COMEX, RSSI, DSI, responsables SecOps & SOC

Introduction — Le SOC Manager, un rôle longtemps sous-estimé… devenu central

Pendant longtemps, le SOC Manager a été perçu comme un rôle essentiellement technique, focalisé sur les alertes, les consoles SIEM et la coordination d’analystes. Une fonction souvent cataloguée comme “opérationnelle”, éloignée des instances de décision.

Cette représentation ne tient plus. Aujourd’hui, le SOC est devenu :

  • un baromètre de résilience pour l’organisation,
  • une fonction de pilotage du risque cyber au quotidien,
  • un acteur clé de la gestion de crise,
  • un vecteur de confiance pour le COMEX et les métiers.

Conséquence : le SOC Manager n’est plus un “super analyste”. Il est en train de devenir un chef d’orchestre de la défense numérique, à la croisée de la gouvernance, des opérations, de la stratégie cyber et du risk management.

Pour AGCG Genuine Consulting Group, la mutation de ce rôle est l’un des enjeux majeurs des prochaines années pour les organisations qui veulent passer d’une posture essentiellement réactive à une résilience cyber structurée.

1. Pourquoi le rôle du SOC Manager doit profondément évoluer

1.1. Le SOC n’est plus une usine à alertes, c’est une fonction de résilience

Les organisations font face à une combinaison de facteurs inédite : hausse du volume d’alertes, sophistication des attaques (fileless, supply chain, living-off-the-land), hybridation massive des infrastructures (Cloud, SaaS, OT, IoT), exigences réglementaires renforcées (DORA, NIS2, sectorielles…).

Dans ce contexte, le SOC ne se contente plus de “voir” l’attaque. Il a pour mission de maintenir le fonctionnement de l’entreprise malgré l’attaque. Le SOC devient une fonction de résilience opérationnelle.

Le SOC Manager est donc, de fait, responsable de la continuité opérationnelle numérique de l’organisation, en lien avec le RSSI, la DSI et les métiers critiques.


1.2. Explosion des responsabilités : un rôle en première ligne du risque cyber

Le SOC Manager doit désormais orchestrer simultanément :

  • la détection avancée (EDR, XDR, SIEM nouvelle génération),
  • l’automatisation (SOAR, orchestration des réponses),
  • le pilotage des incidents,
  • la coordination avec les équipes Cloud, DevOps, IT, métiers, conformité, juridique,
  • la relation avec les prestataires externes (SOC managés, CSIRT, éditeurs),
  • le reporting aux instances de gouvernance et aux régulateurs.

Le périmètre de responsabilité ne se limite plus à “gérer une équipe d’analystes”. Il s’agit de piloter une fonction critique, à la fois opérationnelle, tactique et stratégique.


1.3. Une fonction plus pénurique encore que celle de RSSI

Dans nos missions, nous observons un déficit massif de profils capables d’endosser ce rôle. Beaucoup d’organisations confondent encore “analyste L3 très technique” et “manager SOC”, alors que les compétences attendues ne se recouvrent que partiellement.

Cette pénurie est d’autant plus critique que le SOC Manager devient l’un des pivots de la posture de sécurité globale. Ne pas structurer ce rôle, c’est accepter une vulnérabilité systémique de la chaîne de défense.


1.4. Des modèles SOC en mutation, qui redéfinissent le job

Internalisation, externalisation, SOC hybride, SOC cloud-native, services managés, XDR-as-a-service… les modèles d’organisation évoluent rapidement. Le SOC Manager doit être capable de piloter :

  • un SOC interne étendu par un partenaire,
  • un SOC opéré majoritairement par un prestataire, mais piloté par l’entreprise,
  • un SOC centré sur des plateformes Cloud,
  • un modèle très automatisé (SOAR-first).

Le rôle se rapproche alors de celui d’un architecte et d’un chef de programme : choisir le bon modèle, cadrer le partenaire, orchestrer les flux, garantir la qualité de détection et de réponse.

2. Le SOC Manager de demain : un rôle profondément différent

2.1. Un leader capable de piloter l’organisation pendant un incident majeur

En cas d’incident sérieux, le SOC Manager se retrouve souvent en première ligne. Il doit décider vite, qualifier l’impact, escalader aux bons niveaux, coordonner les équipes techniques, informer le RSSI et la DSI, alimenter les cellules de crise, participer au dialogue avec les métiers et, parfois, avec les autorités.

Son rôle n’est plus seulement celui d’un technicien : c’est un leader opérationnel en situation de crise, qui doit garder la tête froide, arbitrer, prioriser, tenir la ligne entre sur-réaction et sous-réaction.


2.2. Un stratège capable de transformer un SOC “réactif” en SOC moderne

Beaucoup de SOC restent conçus comme des “centres d’alerte”, noyés sous le bruit et incapables de se concentrer sur les signaux forts. Le SOC Manager de demain doit conduire une transformation profonde :

  • moderniser la stack technique (XDR, analytics, SOAR),
  • réduire le bruit via une politique de use cases cohérente,
  • industrialiser les playbooks de réponse,
  • mettre sous contrôle la qualité (KPI, taux de faux positifs, temps de traitement),
  • aligner le SOC avec les priorités métiers (processus critiques, applications clés).

Il devient ainsi un stratège de la détection, pas seulement un gestionnaire de file d’attente.


2.3. Un traducteur entre la technique et les dirigeants

Le SOC Manager doit être capable d’expliquer à un COMEX, de manière lisible, ce que signifient réellement les signaux qu’il voit passer : tendances d’attaque, typologie des incidents, exposition des métiers, évolution de la posture de détection.

Il ne s’agit plus de remonter des graphes de logs, mais de parler risque opérationnel, continuité, image, régulation. Cette capacité de traduction conditionne la compréhension des dirigeants et, in fine, la qualité des décisions d’investissement.


2.4. Un architecte de la détection et de l’automatisation

Entre SIEM, EDR, XDR, NDR, SOAR, threat intel, outils Cloud natifs… le SOC Manager doit orchestrer une chaîne technologique de plus en plus riche. Il doit comprendre où et comment détecter, quels capteurs activés, comment corréler, où automatiser, quand garder la main humaine.

Il devient ainsi l’architecte d’un pipeline de détection-réponse complet, articulé avec les équipes d’architecture, de production et de sécurité applicative.

3. Former et accompagner la nouvelle génération de SOC Managers : la vision AGCG

3.1. Un modèle de compétences fondé sur 4 piliers

Pour AGCG, un SOC Manager doit combiner quatre blocs de compétences complémentaires :

  • Leadership & commandement cyber (gestion de crise, arbitrage, communication dirigeante),
  • Architecture & design de la détection (use cases, modèles de menace, couverture des périmètres),
  • Opérations & pilotage analytique (KPI, qualité des alertes, performance du SOC),
  • Compréhension business & gouvernance (régulation, enjeux métier, ROSI, priorisation).

3.2. Reskilling : former, plutôt que chercher un profil introuvable

Dans la plupart des organisations, attendre de “trouver sur le marché” le SOC Manager idéal est illusoire. La solution la plus efficace consiste à identifier des profils à potentiel (analystes L2/L3, ingénieurs sécurité, chefs de projet cyber, profils Ops) et à construire un parcours de reskilling ciblé.

Les programmes AGCG combinent :

  • apports méthodologiques (gouvernance, risk-based SOC, modèles de maturité),
  • cas pratiques issus de missions réelles,
  • workshops de simulation de crise,
  • coaching individuel à la prise de poste.

3.3. Un rôle central dans la souveraineté cyber des organisations

In fine, le SOC Manager devient l’une des fonctions les plus critiques de la souveraineté numérique de l’entreprise : c’est lui qui garantit la capacité à détecter, répondre, limiter l’impact, rassurer les dirigeants et maintenir la confiance des clients, partenaires et régulateurs.

En ce sens, investir dans la montée en compétences des SOC Managers n’est pas un “nice to have”, mais un investissement stratégique dans la résilience de l’organisation.

Conclusion — Un rôle critique, à structurer dès maintenant

Le SOC Manager d’hier n’a plus grand-chose à voir avec celui de demain. Il ne s’agit plus d’un rôle purement technique, ni d’un “super analyste”. C’est désormais une fonction de leadership opérationnel, au cœur de la résilience, de la gestion de crise et du pilotage du risque cyber.

Les entreprises qui structurent dès aujourd’hui ce rôle, identifient leurs talents, investissent dans des parcours de reskilling et positionnent clairement le SOC Manager dans leur gouvernance, prendront plusieurs années d’avance en maturité opérationnelle.

Celles qui continuent de le considérer comme une simple fonction “outil” resteront durablement exposées, malgré les investissements technologiques.